Ces cinq dessins de sièges, une chaise et quatre fauteuils, s’étaient vendus sur eBay en 2006 pour 108 €. Tracés au crayon sur papier et rehaussés d’aquarelle et de gouache, ils affectaient la forme d’ébauches de dessins techniques de sièges avec vue frontale, vue latérale et vue du dessus.
On remarquait bien quelques similitudes avec le style Art nouveau et celui de Guimard dans la volonté de lier entre eux les différents éléments d’un siège. L’auteur des œuvres, soucieux de guider un spectateur hésitant n’avait pas manqué d’apposer un monogramme « GH » sur chacun de ses dessins.
Le cinquième dessin affectait carrément le profil du pied de banc GO édité par la fonderie de Saint-Dizier. En plaçant une nouvelle assise plus basse, l’auteur avait ingénieusement transformé l’assise d’origine en bras de fauteuil, apportant ainsi un confort supplémentaire auquel n’avait pas songé Guimard.
À ce stade, le monogramme « GH »ne semblant plus suffire, l’auteur du projet avait ajouté au verso la mention « H. Guimard » avec une calligraphie “d’époque” et sans manquer d’y joindre une date : « 1901 ».
Glissons sur le fait que le catalogue des fontes Guimard n’a pas été diffusé avant 1908 (et même sur le fait que la planche du banc GO fait partie d’une édition plus tardive encore, parue vers 1912). La simple médiocrité de ces dessins suffisait à faire fuir l’amateur le moins prévenu du monde.
Cette vente de 2006 était donc passée pratiquement inaperçue, au titre du peu de crédibilité à accorder à ce genre de transactions par internet.
Mais n’avons-nous pas la surprise de retrouver deux de ces dessins, à présent encadrés, dans une vente aux enchères, celle organisée par la sérieuse maison Leclère à Marseille le 6 mars 2015 (lots n° 297 et n° 298) sous le titre « Travail vers 1900 », estimées 100 à 120 € pièce. Un monogramme « HG » est bien signalé, sans que l’expert de la vente n’ait fait le lien avec Hector Guimard.
Ces deux dessins y sont en bonne compagnie, puisqu’ils côtoient de nombreux beaux objets, meubles et affiches de style Art nouveau et même une patère « Hector Guimard (1867-1942) dans le goût de » (lot n° 171).
Et bien sûr, l’indispensable paire de tables de bistrot, éditées par la maison Charlionnais (lot n° 175) ici dénommés « HECTOR GUIMARD (1867-1942) Paire de tables bistrot en fonte de fer à plateau rond et fût central à trois pieds à décor naturaliste stylisé en léger relief ». On se réfèrera à propos de ces tables à l’article « un pied de guéridon en fonte » qui lui est consacré dans notre rubrique.
Frédéric Descouturelle
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