Décès d’Yves Plantin, pionnier de la redécouverte de Guimard
19 août 2022
Alors que nous venons d’apprendre la triste nouvelle, Alain Blondel, compagnon de route d’Yves Plantin dans les années 1960 et 1970, nous transmet ces quelques mots :
« J’ai la tristesse d’annoncer le décès fin juillet de quelqu’un, dont je fus l’associé et qui, il y a une soixantaine d’années, a joué un grand rôle dans la remise en lumière d’Hector Guimard : Yves Plantin.
Né en 1938, il est entré en même temps que moi, en 1959, à l’Ecole des Beaux-arts, section architecture, dans l’atelier de Louis Arretche (1905–1991). C’est là que, en marge de l’enseignement officiel, s’est éveillée notre curiosité pour une histoire de l’art dissidente. C’est donc ensemble que nous avons découvert l’Art nouveau qui, en ce temps-là, était totalement dévalorisé et oublié. Dans une émulation réciproque, nous nous sommes plongés dans les poussiéreuses publications dont la bibliothèque de l’École était assez bien pourvue. Guimard, d’emblée, nous est apparu comme un phare, en France, de ce mouvement si riche et, alors, si dévalué. Très rapidement, nous lui avons consacré l’essentiel de notre temps ; au détriment du cursus prévu dont, l’un et l’autre, nous nous sommes bien vite détournés.
Au tournant des années soixante, de nombreux contemporains de Guimard étaient encore vivants ; c’est alors que la collecte d’objets, de documents, d’informations a commencé. Apprenant la présence du bureau personnel de Guimard dans les collections du Museum of Modern Art de New York, en 1960 nous avons établi un contact qui devait aboutir dix ans plus tard à une belle exposition, la première rétrospective.
Nos deux noms, toujours accolés, figurent aux bas d’articles parus dans L’Estampille, L’Œil ou L’Architecture d’Aujourd’hui. En 1964, nous avons coréalisé un court-métrage intitulé Hectorologie qui a obtenu le Lion d’Or au festival du film sur l’art à Venise. Notre association a perduré avec la création de la « galerie du Luxembourg » en 1970 dont une des premières expositions, accompagnée d’un beau catalogue, avait pour titre Hector Guimard/Fontes Artistiques.
Yves Plantin a poursuivi cette activité de marchand-découvreur quelques années encore après la fin de la galerie du Luxembourg en 1979 (exposition Eugène Grasset en 1980). Puis à l’approche de la cinquantaine, il s’est lancé dans une activité radicalement différente, avec le même esprit indépendant et novateur : l’élevage de purs-sangs arabes… où, à la surprise de tous, il a connu une réussite exceptionnelle.
Il n’avait cependant pas oublié Guimard et, ces dernières années, le Cercle a pu le solliciter plusieurs fois pour faire appel à sa mémoire qu’il avait toujours très vive. »
Alain Blondel
Les quatre protagonistes de la galerie du Luxembourg vers 1970. De gauche à droite, en bas Françoise Plantin (décédée) et Michèle Blondel ; en haut, Alain Blondel et Yves Plantin. Photo Laurent Sully Jaulmes.
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