Conformément à l’article 8 de ses statuts, le Cercle Guimard organise son Assemblée Générale Ordinaire le samedi 17 février 2018, de 10h à 12h
Salle des fêtes de la mairie du XVIe arrondissement de Paris,
71 Avenue Henri Martin,
métro rue de la Pompe,
RER Henri Martin.
À l’ordre du jour :
La réunion est ouverte à tous nos sympathisants mais ne pourront voter que les adhérents à jour de cotisation en 2018.
Si vous n’avez pas encore renouvelé votre cotisation pour 2018, vous pouvez dès à présent l’envoyer par courrier au trésorier à l’aide du bulletin d’adhésion à télécharger.
Vous pourrez également renouveler votre adhésion 2018 sur place en vous présentant aux membres du bureau à partir de 9h 30.
Un reportage sur Hector Guimard réalisé par Julie Delettre a été diffusé le 30 janvier 2018, à 16h30, dans l’émission « Invitation au Voyage » de la chaîne Arte.
Plusieurs membres du Cercle Guimard avaient été interviewés à l’automne dernier, avant le début de l’exposition à l’hôtel Mezzara.
Le reportage est à voir durant deux mois à cette adresse (à partir de 18min) :
https://www.arte.tv/fr/videos/078727-017-A/invitation-au-voyage/
Cette diffusion vient compléter un premier reportage, diffusé dans le journal d’Arte le 26 décembre 2017, consultable sur le site web :
https://www.arte.tv/
Une homonymie féconde : Barnabé Guimard, architecte à Bruxelles (14, place Royale) et Hector Guimard, architecte à Paris (122, avenue Mozart)
L’imposante construction classique de Barnabé Guimard au 18ème siècle à Bruxelles et celle d’Hector Guimard au 20ème siècle à Paris méritent d’être comparées, non pas tant parce que leurs auteurs possèdent le même patronyme, mais parce que les occupants de ces hôtels particuliers ont entretenu au 19ème et au 20ème siècles une relation de parentèle (inattendue).
Cet article montre comment une partie de la famille Oppenheim, originaire de Francfort aux 18ème et 19ème siècles, s’est établie à Bruxelles, puis à New York. Certains banquiers Oppenheim résidant à Bruxelles ont occupé l’hôtel de Barnabé Guimard, tandis que d’autres, établis à New York, ont eu une descendance qui, un temps, a habité Paris. Hector Guimard offre à son épouse Adeline Oppenheim une résidence au 122, avenue Mozart, Paris 16ème : l’hôtel Guimard. Ainsi la famille Oppenheim constitue le lien entre les hôtels de Bruxelles et de Paris.
Suite à un grave incendie qui détruisit le palais Coudenberg à Bruxelles en Février 1731, l’architecte français Barnabé Guimard est appelé à construire entre 1779 et 1782 plusieurs pavillons Place Royale à Bruxelles. Il s’agit, en particulier, de l’hôtel de Grimbergen[1] au numéro 10 de la Place Royale ainsi que, au 14, d’un pavillon relié à celui-ci par une balustrade surmontée de trophées et de sphinges. Ce dernier bâtiment devient l’hôtel Errera lorsque le banquier vénitien Giacomo Errera (1834-1880) l’acquiert en 1868. Il y réside alors avec son épouse Marie Oppenheim (1836-1918) et leurs enfants Léo-Abraham et Paul Joseph (1860-1922). Le fils de Paul Joseph, Jacques Errera (1896-1977), physicien-chimiste et brillant mathématicien, sera le dernier occupant de cette famille.
Dans les années 1825, la famille Oppenheim[2] occupe un rôle des plus importants dans la vie publique et religieuse bruxelloise. Les deux frères Adolphe (1793-1870) et Joseph (1810-1884) Oppenheim[3] jouissent d’une grande notoriété, non seulement grâce à leurs activités bancaires et industrielles, mais aussi par leur rôle dans l’éducation et dans la communauté religieuse juives. Adolphe sera président de la synagogue principale en 1828 ainsi que du Consistoire central israélite (1832-1834). Joseph sera vice-président du Consistoire en 1842, puis Président de 1875 à 1884. Tous deux, d’abord associés dans la banque Oppenheim-Emden, seront parmi les fondateurs de la Banque de Bruxelles et les souscripteurs de l’Université Libre de Bruxelles (ULB) dès sa création en 1834.
Adolphe naît à Francfort en 1793. Il est le fils de Moses Jantoff Oppenheim, ruiné par les guerres napoléoniennes. Après un différent familial, Adolphe décide de partir pour Bruxelles pour ne jamais retourner à Francfort.[4] Dans les années 1810 à Bruxelles, Adolphe est commerçant de toile en gros. En 1817 il épouse Sophie Emden, une fille de banquier. Il s’installe comme banquier au 36 rue du Fossé aux Loups,[5] puis réside dans un hôtel particulier au 43-45 rue Neuve au coin de la rue aux Choux. Il décède à Bruxelles en 1870.
De cette union naissent quatre enfants: le premier, Jacques, naît en 1817, meurt en très bas âge et les trois autres sont des filles : Eugénie Léa (1818-1900), Cornélie Victorine (1820-1892) et Clémentine (1822-1899).[6]
A 16 ans, Eugénie épouse son oncle, c’est-à-dire Joseph Oppenheim, l’un des frères d’Adolphe. Eugénie tient un salon littéraire rue Neuve. Elle décède en 1900. Sa fille aînée Marie[7] (23 Octobre 1836-12 Février 1918) est très brillante, polyglotte et musicienne. En 1857, elle épouse le banquier juif vénitien Giacomo (Jacques Benoît) Errera (1834-1880). Avec son beau-père, Giacomo fonde la banque Errera-Oppenheim à Bruxelles, ancêtre de la Banque de Belgique/Bruxelles (1871). Consul de Sardaigne et consul général d’Italie, Jacques est aussi administrateur de la Société générale des tramways. Son épouse Marie, mécène et philanthrope, tient un salon[8] très fréquenté à Bruxelles, 14, place Royale. Elle rédige un journal intime et fréquente la famille royale. Ses deux fils, Léo-Abraham (1858-1905) et Paul Joseph (1860-1922), tous deux (entre autres) professeurs à l’Université Libre de Bruxelles (ULB), deviendront, respectivement, botaniste et juriste/bourgmestre. Paul J. épousera Isabelle Goldschmidt (1869-1929), fille de banquier.[9] Au décès d’Isabelle Goldschmidt-Errera, son fils Jacques (1896-1977) physicien-chimiste de renom, héritera de l’hôtel de la Place Royale. Professeur à l’ULB, il sera aussi commissaire à l’énergie atomique. Maintenant la tradition familiale, avec son épouse Jacqueline Bauman, Jacques organise nombre de réceptions et dîners auxquels se presse l’élite du pays au 14, place Royale.[10]
L’hôtel Errera sera acquis par l’Etat belge en 1980, utilisé par l’Académie royale de musique de Bruxelles, puis repris par la communauté flamande en 1992. C’est actuellement la résidence officielle du ministre-président flamand.
J’ai essayé de décrire ci-dessus comment deux frères Oppenheim, Adolphe et Joseph, ont quitté Francfort au début du 19ème siècle pour chercher une vie décente à Bruxelles. Par leur travail et leur rayonnement dans la communauté juive et bien au-delà dans toute la vie politique, culturelle et universitaire belge, les Oppenheim et les Errera ont laissé des traces permanentes. La construction de Barnabé Guimard a donc été le témoin d’un pan de la riche vie culturelle, artistique et politique de Bruxelles jusqu’à la fin des années 1970.
Qu’en est-il de l’hôtel du 122, avenue Mozart, Paris 16ème réalisé par un architecte au patronyme identique à celui de Barnabé (Guimard)?
C’est l’œuvre de l’architecte Hector Guimard, qui acquiert le terrain en 1909 peu après son mariage avec Adeline Oppenheim. Héritière fortunée de son père Edouard Loëb Oppenheim (1841-1911), Adeline est une cousine des Oppenheim/Errera de Bruxelles par son père.
Edouard L. Oppenheim naît à Bruxelles le 12 Avril 1841 : il est le fils de Aaron Loëb Oppenheim et de Jeanne Crailsheim. Or Aaron Loëb est un cousin germain d’Adolphe (et de Joseph) Oppenheim. Aaron L. et Jeanne se marient à Francfort en 1832. De cette union naissent sept enfants. En 1840, pour les mêmes raisons que ses cousins germains, le couple quitte l’Allemagne pour la Belgique, où une partie de leur famille est déjà installée. De 1840 jusqu’à 1854, Aaron tient une droguerie rue Vincket, l’actuelle rue des Chartreux, près de la Bourse à Bruxelles, puis quai de la chaux à brûler. En 1857 à 16 ans, son fils Edouard Oppenheim quitte l’Europe. Il s’embarque à Brême sur le « North Star » pour atteindre New York le 12 Août 1857, où il rejoint son père qui a émigré aux Etats-Unis avant lui. Après avoir occupé différentes fonctions dans le quartier de Wall Street, en 1862[11] Edouard fonde une banque à New York, où il épouse Fanny Lippmann en 1868. De cette union naissent quatre enfants : deux fils, Laurent et Robert et deux filles Cornélia Johanna (dite Nellie) et Addie (dite Adeline).
Adeline Oppenheim naît le 1er octobre 1872 à New York. Il est certain qu’outre l’anglais, elle parlait couramment l’allemand et le français. Voulant mener une carrière de peintre, elle effectue tout d’abord des études d’art à New York à l’ASL (Art Student League), puis accomplit le voyage alors obligé. En 1898 elle embarque pour la France, où elle suit une formation à l’académie Julian et auprès de peintres comme Henri-Léopold Lévy, Albert Maignan et Joseph Bail.[12] À partir de 1899, elle expose régulièrement au Salon de la Société des artistes français. Le 17 février 1909, elle épouse Hector Guimard à Paris, à la mairie du 17ème arrondissement. Son père et sa sœur Nellie Oppenheim seront du mariage.
Ainsi, s’il n’existe qu’une homonymie entre Barnabé et Hector Guimard, il y a bel et bien une relation de parenté entre les occupants de l’hôtel du 14, place Royale à Bruxelles au 19ème et 20ème siècles — les Oppenheim-Errera — et ceux du 122, avenue Mozart à Paris au 20ème siècle — les Oppenheim-Guimard.
Il existe aussi une autre relation entre les Oppenheim de Francfort/Bruxelles et ceux de Bruxelles/New York. Ces deux familles ont dû quitter leurs lieux de naissance car leurs vies y étaient devenues trop difficiles. Pire que cela au 20ème siècle, ils ont été contraints de fuir leur pays de résidence, suite aux lois anti-juives. Adeline Oppenheim Guimard, américaine de naissance, française par mariage, a dû reprendre la nationalité américaine en 1937. Aussi quitte-t-elle la France en compagnie d’Hector sur le Normandie le 7 septembre 1938.[13] C’est pourquoi depuis mai 1942, Hector Guimard repose aux Etats-Unis pour l’éternité au cimetière The gate of heaven à Hawthorne près de New York.
Lorsqu’en 1948 Adeline revient en France pour administrer les biens du couple, elle ne rencontre pas l’écho souhaité auprès des autorités françaises. Même si les preuves d’un refus formel du rejet d’une éventuelle donation de l’hôtel du 122, avenue Mozart n’ont jamais été identifiées, il est cependant certain que la veuve de l’architecte a été confrontée au manque de réactivité de l’Etat français. Pressée par le temps, elle n’a d’autres choix que d’organiser la dispersion des collections de leur hôtel particulier, mettant ainsi fin au souhait du couple d’en faire le témoignage artistique d’une époque et le gardien de la mémoire de Guimard. Quant à l’hôtel Errera de Bruxelles construit par Barnabé Guimard, la communauté bruxelloise de langue française regrette assez amèrement que ce monument de la Rue Royale ait été acheté par la représentation flamande…
… Mais il reste cependant une grande note d’espoir concernant l’œuvre d’ Hector Guimard. L’hôtel Mezzara construit au 60 rue La Fontaine par Guimard en 1911 pour l’industriel Paul Mezzara, est déclaré le 17 septembre 2015 inutile au service public de l’éducation nationale et remis au service France Domaine pour aliénation.[14]
Il devait donc subir le sort des deux constructions décrites dans cet article. Le Cercle Guimard s’est fortement mobilisé depuis cette date en proposant un projet culturel. Entre-temps le bâtiment a été classé au titre des monuments historiques et sa vente suspendue. En 2018 il reste donc le vif espoir que l’un des derniers gestes architecturaux significatifs d’Hector Guimard puisse devenir public. La communauté des amoureux de l’art et de l’art nouveau pourrait ainsi apprécier la structure originale de l’édifice, sa verrière étonnante et sa salle à manger encore meublée telle qu’à l’origine. Il s’agirait là d’une occasion totalement unique de fournir un témoignage complet de la diversité du talent d’Hector Guimard architecte, concepteur de meubles, dessinateur de vitraux, de quincaillerie, de broderies …
A l’heure des célébrations de son 150ème anniversaire, ce serait aussi lui rendre l’hommage qui lui a été refusé jusqu’à présent. Ce serait aussi rendre hommage à la persévérance d’Adeline Oppenheim Guimard, qui a tant fait pour offrir aux musées français et américains les œuvres de son époux.
Marie-Claude PARIS
FOX, Renée C. (1994) The Belgian château. The spirit and culture of a European society in an age of change. Chicago : Ivan R. Dee, Inc.
GILBERT, D. (ed.) (1953) Who’s who in American Art. New York : R.R. Bowker Company,
GUBIN, Eliane et al. (2006) Dictionnaire des femmes belges : XIXe et XXe siècles. Bruxelles : Racine.
GUIMARD (1992) Introduction par Philipe Thiébault. Paris : Musée d’Orsay et Réunion des Musées Nationaux.
KASPER-HOLTKOTTE, Cilli (2003) Im Westen Neues. Migration und ihre Folgen. Deutsche Juden als Pioniere jüdischen Lebens in Belgien, 18./19. Jahrhundert. Brill: Leiden.
SCHREIBER, Jean-Philippe (2002) Dictionnaire biographique des juifs de Belgique. Figures du judaïsme belge. XIXè-XXè siècles. Louvain-la-Neuve : DeBoeck-Université.
[1] Pour financer la reconstruction de ce qui deviendra la Place Royale, l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche fait appel à des financements provenant de religieux ou de particuliers. En 1777 l’abbaye de Grimbergen dans le Brabant reçoit un terrain, à charge pour elle de construire un pavillon. Celui-ci deviendra l’hôtel de Grimbergen.
[2] Il s’agit des descendants des trois fils de Jantoff Jacob Oppenheim (zum goldenen Pfau /Au paon d’or) de Francfort, à savoir Moses Jantoff, Aaron Jantoff et Lasse Lazare.
[3] Adolphe et Joseph sont deux des dix descendants de Moses Jantoff. Tous deux naissent à Francfort et décèdent à Bruxelles.
[4] Voir Kasper-Holtkotte, Cilli (2003).
[5] L’immeuble de la banque Oppenheim a connu d’autres propriétaires après les Oppenheim. C’est aujourd’hui un café-restaurant dont l’architecture témoigne de son passé bancaire. Au sous-sol la salle des coffres a été transformée en fumoir pour ceux qui apprécient les cigares.
[6] Cornélie Victorine épouse son oncle Simon Emden. Clémentine épouse le consul de Belgique à Francfort et baron Adolphe de Reinach (1814-1879). Toutes deux décèdent à Paris.
[7] Joseph et Eugénie ont trois enfants : deux filles — Marie et Fanny Angèle (1841-1918) — ainsi qu’un fils Paul Moïse Oppenheim (1837-1897), banquier à Bruxelles, puis à Paris.
[8] Voir E. Gubin et al. (2006).
[9] De cette union naîtront deux enfants Jacques et Gabrielle Sophie Errera (1892-1997). Gabrielle S. épousera en 1912 un célèbre chimiste allemand Paul Ignaz Oppenheim (1885-1977). Après avoir quitté l’Allemagne en 1933 pour Bruxelles, Paul I. Oppenheim émigre aux Etats-Unis en Août 1939 grâce à l’appui d’Albert Einstein, alors en poste à Princeton. C’est ainsi que les Oppenheim-Errera échapperont aux lois anti-juives du IIIème Reich. Le couple organisera aussi de nombreuses réceptions à Princeton.
[10] Voir R.C. Fox (1994).
[11] New York Times, January 1, 1886.
[12] Who’s who in American Art (1953).
[13] Parmi les passagers du Normandie, Le Figaro du 09 Septembre 1938 mentionne, le nom de Nellie Oppenheim, la sœur aînée d’Adeline. Ceux de Hector et d’Adeline Guimard ne sont pas mentionnés, alors que ces trois personnes figurent dans la liste des passagers qui sont arrivés à New York le 12 Septembre.
[14] Journal officiel de la République française, N°229 du 3 octobre 2015, décret du 17 septembre 2015.
Vous pouvez recevoir les objets par colis ou vous déplacer au domicile de Frédéric Descouturelle, secrétaire de l'association.
Recevoir les objets par colis
Prix du transport en sus.
Actuellement, seul le règlement par chèque est possible. Les chèques seront à libeller au nom de : « Le Cercle Guimard ».
Merci d'envoyer un message pour passer commande.
Se déplacer au domicile de notre trésorier, à Montreuil (métro Robespierre).
Vous pouvez prendre rendez-vous par courriel pour venir un vendredi après-midi ou un samedi matin. Dans ce cas, le règlement en espèces est possible.
Vous pouvez réaliser un règlement unique comprenant l’achat et la cotisation.