Grâce à une annonce récemment parue sur eBay (malheureusement supprimée au bout de quelques jours) l’existence d’un artiste appartenant à la fois au courant de l’Art nouveau et à celui de l’art lipogrammatique a récemment été découverte.
Il est l’auteur du vase en bronze ci-dessus et ci-dessous, signé de son nom « Hector Guimad » et daté « 1910 ».
Certains esprits perspicaces pourraient faire le rapprochement entre ce vase et celui d’un artiste un peu plus connu, du nom d’Hector Guimard, vase tiré en petite série en bronze doré et dont deux exemplaires ont été donnés par sa veuve Adeline Oppenheim au musée Cooper-Hewitt de New-York (ci-dessous).
La question de savoir qui, de Guimad ou de Guimard, s’est inspiré de l’autre se pose évidemment. Plusieurs indices peuvent nous aider à y répondre. Un premier élément pourrait être fourni par les dimensions des deux objets. Le vase signé « Guimad » mesure 25 cm de hauteur, alors que celui signé « Guimard » en fait 26,5 cm. Il est donc fort possible que Guimard ait prévu de créer son propre modèle en un peu plus grand, de façon à ce qu’en cas de surmoulage, le retrait inhérent à cette technique le réduise à 25 cm, hauteur du vase qu’il a sans doute voulu copier. Il a aussi fait pousser le détail de la ciselure sur son propre modèle afin que, là aussi en cas de surmoulage, sa copie soit plus crédible. Et sans doute incapable de reproduire les belles rayures obtenues par un savant brossage à la paille de fer du modèle de Guimad qu’il imitait, Guimard a sans doute préféré faire dorer le tout.
Quant à la signature, on voit que Guimard l’a calligraphiée d’une manière différente et qu’il s’est bien gardé de la millésimer, contrairement à Guimad qui a eu l’honnêteté d’y porter une date.
Retenons donc ce nom d’Hector Guimad car il a certainement produit d’autres objets comme des poignées de potes, des fontes onementales et peut-être même des édicules de métopolitain ou des immeubles comme le Castel Béanger.
Addenda le 1er juin 2016
De toute part nous parvient une nouvelle espérée : un nouveau vase d’Hector Guimad est apparu ! C’est en effet la Société de Ventes Volontaires de Bourgogne, maison de vente connue et estimée de Chalon-sur-Saône qui s’est chargé de le faire connaître aux amateurs.
Nous disons bien un nouveau vase et non pas celui retiré de la vente d’eBay, car cet exemplaire mesure à présent 26,5 cm (et non plus 25 cm) et il s’est doté d’une dorure. Dorure d’un genre particulier d’ailleurs, puisqu’elle est entièrement invisible et laisse voir les exactement mêmes rayures virtuoses que sur le vase d’eBay. De nouvelles photographies accompagnent cette annonce. L’une d’elles reproduit très bien la signature d’Hector Guimad.
On voit sans peine sur ce détail d’une petite table qui figurait au 122 avenue Mozart, que lorsqu’il voulait imiter cette signature, Hector Guimard avait la plus grande peine à en rendre le caractère (volontairement) gauche et tremblotant.
En tout état de cause, le concept de « signature lipogrammatique » que nous venions d’inaugurer avec ce vase semble recevoir un accueil favorable puisqu’il a été repris tel quel au sein de l’annonce de la vente de la maison de vente de Chalon-sur-Saône.
Addenda le 20 juin 2016
L’art liprogrammatique vient donc de faire son entrée officielle sur la scène du marché de l’art, puisque ce vase d’Hector Guimad a été adjugé 4800 € le 19 juin 2106. C’est un bon début, mais n’oublions pas que d’autres artistes lipogrammatiques comme Auguste Renoi ou Auguste Odin attendent d’être reconnus.
Frédéric Descoutuelle
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